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Textes sortis de nulle part, n'allant nulle part

11 mars 2015

Le Paraître, jeu sur 'Colifichet'

Colifichet.
Fichu au col
Boutons de manchette
Par-ci
Petites clochettes
Par-là
Le tout en plastique, en toc, 
Camelote clinquante.
Celui-là cliquette quand il bourlingue
On l’entend trotter de loin.
Mais aux veillés,
Quand vacillent les lumignons, 
Il fait forte impression :
Il luit,
Devient luciole,
Et partout on parle de lui.
Ses étoffes bouffantes,
Et ses cliquetis agaçants
Se font élytres multicolores.
Il diffuse un tapage enivrant
Devient cigale
Et partout on parle de lui.
Pourtant,
Un soir,
Un bouton chut
Dans son champagne
Qui crécha dans ses bronches.
Curieux hasard
Partout on parla de lui.

Kilo chétif.
Maigrelette
Elle se déhanche à s’en faire sortir le col
De l’humérus 
Bien entendu
Qu’est-ce que vous croyiez ?
On rit,
On savoure des petits fours,
On fourre de petites saveurs
Dans les gorges des invités
On ne la voit pas dégorger
S’effondrer
« Tu ne mangeras pas ton prochain »
A dit son manager
Entre deux bouchées.
« Tu retirerais le beurre
De mon porte-monnaie. »
Alors elle les a regardé rire et dévorer
Se plaindre de leurs bourrelets
En grignotant un gras apéritif
Et elle s’est écroulée.
« Dommage, elle était si belle »
Raconte-t-on entre trois tartines au beurre
Au drink
De ses funérailles.

Cochez « Folie »
En lisant leurs histoires,
En riant du hasard
Qui a guidé ces vies.
Cochez « Folie »
Et jugez-les de haut :
Eux, ils sont au tombeau
Et vous êtes en vie.
Cochez « Folie »
Car c’étaient bien des fous
Si différents de vous
Aux navrantes envies.

Mais prenez-garde !

J’ai confié mon habit
A un raccommodeur
Et la tartine au beurre
Est mon met favori.

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13 octobre 2014

Brève sonore

Pendant c’temps.

- Sot bonhomme, au dodo tôt, au trot !

(Papa) - T’as pas la dalle, gars ?

- J’mange quand m’man?

- Cours toujours ! Toujours ‘bouffe, bouffe’ ! Boule ! Roule !

Il file.

- L’père ! Affaire à m’faire l’frère !

17 juillet 2014

Tableau de gueules

Il existe un pays de douces montagnes coiffées de buissons verts et d'arbres à foison. Aux quelques endroits laissés chastement dénudés, on peut apercevoir une roche d'un ocre chatoyant qui pointe le bout de son nez, timidement, comme si la terre elle-même essayait pour la première fois une robe somptueuse et flamboyante, mais avait peur de paraître ridicule.  Alors, maladroitement, elle montre des bouts d’étoffe  taillés de façon incongrue. Ici une épaule rondelette, là un genou tordu, le tout gardé jalousement par ce duvet verdoyant qui grouille de vie.

Oh ce ne sont pas des loups qui rodent dans ces fières collines non, rien de plus méchant que la tendre chèvre s’abreuvant de l’eau fraîche qui bondit inlassablement, avant de se jeter dans un des nombreux lacs paisibles où jouent ensemble chevesnes, sandres et tanches. Tout le paysage est animé par une multitude de papillons tachetés des couleurs les plus joyeuses qui soient, et qui virevoltent, insouciants, entre les arbres biscornus qui semblent s’être faits petits pour ne pas ridiculiser les collines qui les nourrissent. Tel l’enfant qui découvre son pied pour tâter la température de l’onde, ces montagnes ne dévoilent réellement leur roche que pour doucement se plonger dans une mer d‘un bleu éclatant et pur, qui ne se met jamais en colère.

Vierge de toute ville et de toute pollution, ce pays voit passer quelques voyageurs et marchands qui s’abreuvent avidement de ces couleurs merveilleuses le jour, pour se retrouver le soir au relais et jouer aux cartes ou fumer la pipe dans la nuit toute l’année clémente.

Mais vient l’été.

Et le soleil, l’astre qui donne la vie partout en ce monde, vient ici réclamer son dû. C’est aux alentours du solstice qu’un matin il se lève et impose sa tyrannie, sans concéder de moratoire. Il frappe tout de son poing infernal, et le paysage semble se couvrir d’un sinistre voile de feu. La végétation se transforme en un maquis desséché qui n’offre aucune zone d’ombre, afin de mieux s’abreuver de la sueur qui tombe du front brûlé des voyageurs.

Les arbres, nains difformes qui se nourrissent de la poussière qui tapisse les rochers, offrent une ombre squelettique et narquoise à l’homme qui ne peut jamais réellement s’y dérober du soleil. La roche ciselée et martelée de façon chaotique domine alors sévèrement les chemins de pierres brûlantes, couleur de sang, que les reptiles eux-mêmes évitent de peur de s’y dessécher vivants. Seuls à survivre dans cet enfer, ils se cachent dans les buissons, et fuient avec les criquets l’approche pesante de l’homme qui se tord les chevilles et manque mille fois de choir dans la caillasse traîtresse qui roule sous ses pieds.

Ployant sous le poids de son sac, respirant bruyamment la poussière pourpre et l’air lourd et brûlant, le voyageur s’agenouille lourdement en regardant les rochers nus qui recueillaient autrefois sources et lacs, et qui ne sont plus que les tertres des poissons dont les squelettes jaunissent au soleil. Et la vase grisâtre, déjà sèche et morcelée, se répand aux alentours avec le vent de fournaise. Au début du mois de juillet, on peut encore trouver une marre croupie, vestige d’une rivière luxuriante. A son bord, les os d’un bouc qui a préféré se laisser mourir de soif plutôt que de boire l’eau viciée, infestée de larves de moustique dont les dernières heures sont comptées par le soleil goguenard qui pompe le point d’eau, vestige condamné d’un paradis disparu. Alors l’homme regarde cette mer d’huile qui se joue de lui. L’eau est limpide et d’étend à perte de vue. Mais elle regorge de sel à la saturation, et y tremper ses lèves ne ferait que brûler la langue devenue râpeuse du malheureux.

Sous cette chaleur, les montées semblent interminables, et pourtant les cols rabotés sont si bas que l’air n’y est guère plus frais que dans les ravins. Alors il faut se résoudre à descendre le versant, à travers épineux et pierriers, en luttant à chaque instant pour ne pas se rompre le cou.

Mais les seigneurs du massif, ce sont les cigales. Toujours invisibles, elles sont pourtant omniprésentes, et par milliers elles déploient leur rire crissant et assourdissant. Partout où on va, c’est le seul son audible qui accompagne telle une cours infernale le lever du tyran, et qui n'a de cesse jusqu'a son coucher. Le martèlement incessant vrille les tympans et pénètre au cœur du crâne, et plus d’un homme assoiffé a pleuré les dernières gouttes d’eau de son corps en finissant par être persuadé qu’il entendait le rire sadique d’une ronde de squelettes narquois qui se moquaient de son sort.

Parfois la nuit, le vent sifflant apporte un orage qui préfère embraser un fourré au lieu d’abreuver la région. Alors, à grand galop, les chevaux ardents consument des montages entières et emportent ceux qui croyaient avoir trouvé refuge dans un relais abandonné.

5 mars 2014

Exercice de rythmes : "Les rois"

Lent,
Très lent,
Si lent,
Toujours derrière

Toi,
Et moi
Le roi
S'affaire.

Un.
Chagrin,
Il geint
Et vitupère

Les
Souliers
Ratés,
Trop chers.

Deux.
Sans feu,
Adieu !
Le prince fier

Est
Inquiet
Sans ses
Lumières.

Trois.
Son gras
Déchoit
Sans cuisinière

Mais
Manger,
Il sait 
Le faire.

"Donc,
Mononcle,
Quiconque
Tient ministère

Est
Bien niais
Sans ses
Notaires ?!

-Non,
Ils ont 
Jargon
Si délétère !

Et comme
Nous sommes
Tous pommes
De terre !"

 

18 février 2014

Etude en L, ou le Boléro

L'Eternel les a matérialisés. L'une de glaise, l'autre de limon. Ensemble ils se lovent, se mélangent. L'un enveloppe l'autre, l'une enclave l'un. Des guiboles se dévoilent qui encerclent. Initialement lâche et perplexe, l'étau est là plus implacable et solide. Et l'alluvion coule dans l'éluvion. De la glaise et du limon ruisselle un fleuve qui démoule les lœss. Ils évoluent alors en argile malléable, plus fluide ; puis en glèbe fertile. Lentes et régulières, les altérations se bouleversent et s'accélèrent, continuellement plus liquides et semble-t-il à l'infini. Les galants explosent finalement en un volcan dégueulant de lave brûlante. Lors le ballet s'immobilise, las. Lentement, glaise et limon se coagulent. Les liqueurs stimulantes se volatilisent et l'alchimie de liens se disloque. Seul rappel de la folie, un minuscule lopin de kaolin se cèle au nombril de la glaise. En glanant le minéral d'innombrables pluies, il se sculptera en un sol insolent et lestement s'appliquera à répliquer le lancinant boléro.

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9 février 2014

Plume

Quelque part en 2010

 

Plume de l'instant

Idée du moment.

Affinité trop vite oubliée

Avec une muse mal lunée.

9 février 2014

Tétragramme

Aujourd'hui 09 février 2014

On pense qu'elles sont trois à n'adorer qu'un Dieu
Depuis l'éternité jusque la fin des temps
Elles traînent les corps dans la boue et le sang
Pour une place en or au pinacle des cieux.

Depuis les Amériques, au sud Tenochtitlan
Ou au nord à Salem, jusqu'à leurs antipodes
Aux confins de l'Asie, là au pied des pagodes
Où un Dieu fou commande "Ecimez les enfants !"

On tue, on rend manchot, sans tête ou bien apode
Hommes et femmes qui, le jour de leur naissance
Ont choisi mère de bien mauvaise allégeance
Ou pire incroyante, nue, sans harde, penaude.

Ah ! La peste soit de cette maudite engeance
Qui offre d'un rival le sang, le corps et l'âme
Comme ils donnent les leurs, zélotes, au Tétragramme.
Ils sont alors bénis pour violer l'innocence,

Sainte récompense, des filles et des femmes.
Pour deux d'entre les trois Il est infanticide,
Mais toutes sont d'accord : Il est le Dieu perfide
Qui sème fléaux, grêles, pestes et flammes.

Il est l'initiateur des premiers génocides
Quand il châtie Caïn et toute sa lignée
Et les jordaniens qui, sereins, se troufignaient.
De miséricorde ce Tout-puissant morbide

En aurait bien besoin s'il voulait s'aligner
Au chant des trompettes, à la droite de sa main.
Mais voilà ricanant, déicides communs,
Les impies bons vivants qui ne font que chigner.

Ils gueulent en laissant leurs femmes au termin
Sur le président, Dieu, la faute imméritée
De leur joueur préféré. "A la fraternité !"
"Mort aux curés !" trinquent, le single malt en main,

Faisant une fierté de leur perspicuité
Comme si être athée et chier sur les corbeaux
Etait synonyme pour les foules bobos
D'ouverture d'esprit et de sagacité.

Ils clament que la foi n'est qu'un grand placebo
Dont les solutions ne sont qu'illusions
Coupables d'aversions comme l'Inquisition.
Des Lumières ils croient porter l'ardent flambeau.

L'Aïd al-Adha pour eux est cause d'aversion,
Et pourtant ils rêvent de passer par les armes
Curés et oulémas, rabbins, imams et carmes.
Sans daigner leur parler ils les croient fous de Sion,

Exempts de libre arbitre, insensibles aux larmes.
Ils aiment Cavanna comme les dévots, Dieu.
A l'heure des dialogues interreligieux
Quand tous les paladins déposent les guisarmes

On voit les communards alignant tout joyeux
Bigots imbéciles, mashgia'h oublieux.
Car pour se surhausser bien au-delà des cieux
Ils tuent, rendent manchot, sans tête ou bien sans yeux.

9 février 2014

l'Erreur Diplomatique

16 mai 2011

Un soir que je me promenais
J'aperçus Demi-Lune, observant la ville
D'un œil de vague à l'âme.
Je la salue
Et passe mon chemin
Le cœur léger.
Content d'avoir accompli mon devoir,
Je m'en allais ribler
Du côté de sombre débits de mauvais alcool
Et de viande grasse
Où hutins et bagasses se côtoient
Jusqu'au petit matin. 

Quand tout à coup 
Les étoiles
Me chapitrèrent et me daubèrent
A qui mieux mieux.

"Quel est donc mon crime saintes Lumières ?"
M'égosillais-je aussitôt,
Prêt à implorer céans leur pardon
Et à genoux s'il vous plaît.

"Alors jeune homme,
On salut une Reine
Et on lui montre son cul ?
Tu passes ton chemin
Et lui tourne le dos !
Quelle éducation !
Prie Séléné 
Que la clémence l'emporte sur son courroux !"

Le con !
Depuis quand
Dans le monde des hommes
On fait des fautes diplomatiques
De cet acabit-là ?! 

9 février 2014

Etude en "r" ou Perle de rosée

03 janvier 2011

Perle de rosée roulant sur les vertes nervures de tranquilles riverains chlorophylliens, redoutant le rigoureux hiver que rosée blanchira d'une frêle étreinte.

Mais grêle, la cruelle, frappera les fragiles rosaces, inspiratrices des artisans de Bruges et Kortrijk, étrangement re nées par la frénétique course de Chronos. Et elles se disperseront en myriades de morceaux gris, morts, qui nourriront le renouveau futur qui déjà frémit au cœur d'une terre encore terne et grelotante.

9 février 2014

L'orage

29 juin 2009

Le tonnerre gronde entre les rocs acérés, roule et se déroule de ravin en ravin, frôlant les arbres sombres et effrayant les troupeaux.

Là-haut, au-delà des pâturages.

Il y a un homme sur une cime. Bizarrement, il ne regarde pas le ciel de colère qui gonfle et s'abat, déferlante silencieuse, sur les sommets qui sont autant de récifs impuissants. Non il n'est pas inquiété par le grondement sourd qui ébranle les géants de pierre.

Il regarde en bas, nostalgique au fond d'une vallée invisible qu'une brume trop pudique cache, comme tout ce qui est en bas.
Il est là où tant rêvent d'être, à l'air libre, mais l'ascension des sommets dans la brume n'est réservé qu'à quelques fous, qui savent que là-haut, les pierres glissent et la chute n'a pas de pitié, aucun pardon.
Alors, doucement, dans un lourd silence désacralisé par le tonnerre toujours plus menaçant et quelques cris d'animaux, il se retourne, et descend avec précaution, mais en homme qui connaît son chemin. Il sait que le temps lui fait défaut, pourtant il ne peut s'empêcher de s'arrêter pour admirer les sommets plus élevés qui sont de plus en plus happés par les nuages d'anthracite qui s'abattent comme sur une proie.
Il ne peut s'empêcher d'écouter le roulement violent des milles tambours des cieux qui rebondit sur chaque paroi abrupte, s'amplifie, et s'éloigne dans la chaîne de montagnes.
Mais des taches sombres d'abord éparses, puis de plus en plus serrées apparaissent sur la roche grise, et bientôt ce sont des torrents d'eau que les nuages déversent, balayés par un vent implacable qui siffle de rage en se faufilant entre les cimes, effrontés sommets qui espèrent faire décélérer les sabres d'air glacé.

L'homme accuse la première rafale et s'assoit sur un rocher plat. Il sourit sous sa vieille capuche de cuir délavée : ce n'est pas la première fois qu'il se fait piéger, mais pourtant il ne peut s'empêcher d'être fasciné. Il sait que s'avancer serait se suicider, car les pierres sur lesquelles glisse l'eau n'offrent aucune résistance à ses semelles pourtant adaptées.
Mais son sourire s'évanouit bientôt, car l'eau s'infiltre à travers ses nombreuses couches de vêtements chauds qu'il a achetés à travers ses voyages.
Le tonnerre gronde de plus belle, les éclats de lumière se rapprochent, se répondent, dans un discours toujours plus saccadé.
La musique de la pluie les accompagnent, comme des milliers de percussions jouées par des musiciens déments.

Devant lui, la tour de Babel de rocs et de sapins n'en devient que plus mystérieuse.
Elle ne montre pas son visage, et son corps est flouté par la pluie torrentielle.
L'imagination de l'homme s'envole, il voit des créatures d'effroi s'envoler de cavernes dissimulées.
Il imagine une peur sans nom cachée dans les nuages, il se dit que peut-être là-haut, tout là-haut, il y a

le Soleil

qu'il n'a jamais vu.
Qu'il ne verra jamais, car en bas sont les Brumes éternelles qui recouvrent tout, cachent tout.
Il se dit qu'il aime sa vie de voyageur, de commerçant, que pendant des décennies il aura été utile et aura vu des merveilles.
Suscité l'admiration et la jalousie, eu la reconnaissance tout en gardant la simplicité de sa vie.

Il aime son monde, il voudrait faire partie de cette terrifiante montagne d'effroi qui, bien qu'immobile, lui impose le respect, la peur aussi.

Alors, lentement, il se lève. De sa barbe coule l'eau qui s'infiltre dans sa poitrine gelée. Plié sous le vent il remonte, très lentement, prenant garde à ses pieds comme lors de sa première ascension. Par moments, une puissante rafale le fait bondir d'un mètre ou deux, mais il s'y attend, et ses mains gantées le sauvent. Puis c'est le sommet. Il est de nouveau debout, entre les Brumes d'en bas et les nuages infernaux d'en haut. Partout autour de lui, le feu céleste se déchaîne, ses oreilles bourdonnent à cause du grondement, du sifflement et des percussions.

Il est heureux.

Il regarde à nouveau la montagne, il aimerait en faire partie.
Il ferme les yeux, et doucement, comme il caresserait du bout du doigt les courbes d'une femme,
il pose son pied sur une pierre trop glissante...

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Textes sortis de nulle part, n'allant nulle part
  • Bonjour ! Ce blog reprend des textes parmi un paquet que j'ai pondus au fil des années. A lire pour le plaisir, si vous aimez. Rien n'a de valeur morale ni de rêve de grandeur, c'est juste un hobby. Bonne balade !
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